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"Mais ne voit-on pas qu'il y a une forme de violence – pour les soignants comme pour les soignés - dans cette standardisation temporelle là où la qualité du soin ne résiste pas à la contrainte d'un rythme ou d'une cadence imposée."
Par: Léo Coutellec, Maître de Conférences en épistémologie et éthique des sciences contemporaines, directeur de l'équipe « Recherches en éthique et épistémologie » (Université Paris-Saclay, INSERM, CESP U1018), membre de POLETHIS et de l'Espace éthique/IDF /
Publié le : 13 Avril 2017
L'expression « approches non-médicamenteuses » n'est pas satisfaisante et ceci pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'elle suppose une centralité des thérapeutiques médicamenteuses et suggère que ces dernières se réduisent à la prise de médicaments. Double impasse. Ce qui devrait être centrale, c'est la démarche thérapeutique au sens fort du terme, c'est à dire fidèle à son origine grec - therapeutikos - qui signifie « qui prend soin de ». La démarche thérapeutique n'a donc aucune raison de se réduire à la prise de médicaments, et cette dernière à la seule stratégie du « lutter contre » (sur-détermination de la dimension curative du soin). Suggérer qu'il existe des approches non-médicamenteuses, c'est enlever au « prendre soin » toute son épaisseur, toute cette complexité que les soignants doivent mobiliser au quotidien pour répondre à des besoins toujours singuliers. Ainsi, pour sortir de ces raisonnements binaires, l'enjeu est bien de penser et faire vivre un pluralisme des voies thérapeutiques, au delà de l'opposition entre le « vivre avec » et le « lutter contre ».
Un tel pluralisme thérapeutique nécessite, me semble-t-il, trois conditions.