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Introduction du dossier thématique du numéro 5 de la Revue française d'éthique appliquée "Un monde d'automatisation ?"
Par: Sébastien Claeys, Responsable communication et stratégie de médiation, Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France / Pierre-Emmanuel Brugeron, Responsable de Pôle Ressources, Espace éthique/IDF /
Publié le : 27 juin 2018
Gouvernance et décision par les algorithmes, véhicules autonomes, trading haute fréquence et autres avancées technologiques de l’automatisation, font régulièrement la une des journaux, accompagnés de leur lot de sensationnalisme… « Autonomie » et « intelligence » semblent, à tort ou à raison, les maîtres mots pour décrire ces machines et ces processus qui prennent le relais de décisions et de pratiques humaines de plus en plus sophistiquées. Si bien que notre époque semble hantée par le remplacement de l’homme par la machine, non seulement dans son activité économique - rappelons que, selon une étude d’Oxford, 47% des emplois seraient automatisables d’ici vingt ans -, mais aussi dans les activités du soin, de la relation et de la présence à l’autre, qui nous semblaient jusqu’alors irremplaçables. C’est ainsi que plus de 5 000 robots « socio-pédagogiques » paro sont d’ores et déjà utilisés dans le cadre de thérapies relationnelles à destination des malades atteints de la maladie d’Alzheimer. Quand l’humain semble promis à s’effacer, à disparaître, se pose alors la question de relations qu’il entretient avec ses machines, mais aussi du contrôle des valeurs, des finalités et des conséquences de ces processus automatisés qui se fond pour nous mais sans nous. D’autant plus que les progrès exponentiels de l’apprentissage machine semblent nous conduire vers un avenir où les décisions de nos voitures autonomes ou de nos outils d’aide au choix seront, à proprement parler, ininterprétables, opaques et indéchiffrables. Si bien que, paradoxalement, les « prophètes » de l’automatisation sont aussi ceux qui annoncent avec emphase que l’intelligence artificielle pourrait présenter un risque majeur pour l’humanité, en tête desquels Elon Musk, le fondateur de SpaceX et Tesla, et Bill Gates. L’homme risquerait de perdre son autonomie pour devenir esclave des machines.