-
Revue de presse
Actualité de la recherche en éthique
Notre sélection des publications en bioéthique et en éthique du soin
-
Réseau
Cartographie des structures d'Île-de-France
Un recensement des démarches pour permettre une mise en réseau
-
Fin de vie
Hors-série des Cahier : S’approprier les enjeux d’un débat
Un cahier spécial dans la perspective du débat national
-
Programme
Éthique, territoires et maladies neuro-évolutives
Pour des territoires plus attentifs aux personnes vivant avec une maladie neurologique évolutive
-
Diplôme universitaire
Éthique du numérique en santé
Une nouvelle formation pour comprendre l'impact des nouvelles technologies sur la pratique du soin
-
cahiers
Vulnérabilités psychiques - mobiliser la société contre l’exclusion
Enjeux épistémologiques, éthiques et politiques
-
Fin de vie
Un parcours de réflexion en six épisodes
Une lettre d'information thématique pour saisir les enjeux du débat
-
Formations
Se former à l'éthique médicale, de la recherche et du soin
DU, Master et doctorats : les formations du Département de recherche en éthique de l'Université Paris-Sud
-
checklist
Créer et animer une structure de réflexion éthique
Un aide-mémoire à destination des animateurs et porteurs de projet d'une structure de réflexion éthique
Rencontres et colloques
Journée Vulgarisation scientifique : comment transmettre et partager des savoirs et des informations ?
Le vendredi 30 janvier 2015, de 9h à 18h à l'Espace éthique
Par: Espace éthique/IDF /
Publié le : 25 Décembre 2014
Sous la direction de :
Karine DEMUTH-LABOUZE
Maître de conférences, Laboratoire de biochimie appliquée, EA 1610 « Études sur les sciences et les techniques », Université Paris Sud
Nicolas GRANER
Ingénieur de recherche, directeur du Centre de vulgarisation de la connaissance, Université Paris Sud
À la suite du succès rencontré en 2014, l’Espace éthique AP-HP / IDF organise avec le Centre de vulgarisation de la connaissance, Université Paris Sud, sa deuxième journée thématique « Vulgarisation scientifique : comment transmettre et partager des savoirs et des informations ? ».
Cette rencontre permettra d’approfondir certains des aspects les plus délicats des relations entre éthique, science et société. Les missions et responsabilités imparties aux chercheurs ou aux professionnels de santé justifient une capacité de transmission de savoirs souvent sensibles et complexes dans un contexte rarement favorable à cette exigence de pédagogie. Il ne s’agit pas tant d’imposer, de préconiser que de permettre à chacun de s’approprier des connaissances et de gagner ainsi en compréhension, en autonomie, en capacité d’analyse et de discernement.
Dans un contexte d’atomisation des connaissances et de montée en puissance des défiances à l’égard des pratiques scientifiques, contribuer à la lisibilité, à la cohérence, à cette faculté reconnue à chacun d’assumer ses responsabilités et ses choix en disposant des éléments d’appréciation indispensables, relève également d’une exigence éthique.
On comprend dès lors mieux ce à quoi peut inviter une réflexion consacrée à la vulgarisation scientifique, dans un contexte où la confusion est amplifiée par des sources d’informations multiples aux statuts incertains, parfois aussi par des conflits idéologiques.
Au cours de cette formation qui bénéficiera des meilleures compétences dans ce champ disciplinaire dont la pertinence s’impose à tous, seront exposés à la fois les principes, les finalités, les modalités pratiques et les enjeux éthiques de la vulgarisation scientifique.
Programme
9H-11H
Introduction
I - Partager la science (comment faire de la science un objet de culture à part entière)
Marie-Françoise CHEVALLIER-LE GUYADER
Directrice de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie
1- Relations science/société
Difficultés actuelles
Éclatement (hyperspécialisation) et multiplicité du savoir, complexité de la science et de ses réalisation techniques, impact omniprésent des sciences et techniques sur le quotidien, imprégnation de la science par le contexte économique, surabondance de l’information médiatique (au mieux : induction de perplexité plus que transmission de connaissances ; au pire : contresens, instrumentalisation de la science, populisme racoleur et désinformation), contestation de la « valeur de la science » (relativisme ambiant, désenchantement, culture du doute et désinvolture intellectuelle en relation avec les doctrines relativistes), lenteur de réaction du système éducatif par rapport à la montée en puissance des sciences et des techniques.
Donc, distanciation actuelle du public par rapport à la science.
Enjeux démocratiques d’un meilleur partage des sciences
Éveil à la dimension politique de la science : possibilité d’autonomie individuelle et de citoyenneté par rapport aux questions éthiques majeures que soulève la science (nucléaire, OGM, changements climatiques, reproduction, etc.).
2 - Éléments de réflexion pour améliorer le partage de la science
Renforcer la capacité de traduction des langages des sciences
Développer une culture de la traduction (le langage technique, qui produit les faits scientifiques, n’est pas celui qui leur donne un sens) : mettre en récit. Les stratégies de traductions diffèrent d’une science à l’autre mais il existe un point commun : le changement de regard (par la métaphore, le glissement, l’introduction de l’histoire des sciences) qui permet de ramener la science dans la culture.
Anticiper les termes des débats publics
Savoir sortir des conflits de normes et confronter des normativités différentes ; renforcer des démarches éthiques associant des personnalités d’horizons différentes ; éveiller les scientifiques à leurs responsabilités ; inscrire ces pratiques dans l’analyse des objets sociotechniques ; revisiter les interactions science/politique.
Lutter contre l’instrumentalisation du doute scientifique
Réfléchir de façon interdisciplinaire aux conditions du traitement des questions scientifiques et technologiques dans la société, renforcer les relations avec la presse et diffuser des boîtes à outils (maîtrise des ordres de grandeurs, etc.) permettant la hiérarchisation des informations et la détection des idées fausses.
Éduquer tout au long de la vie
Le partage des sciences concerne en premier lieu l’éducation initiale mais se poursuit tout au long de la vie. Développer pour les jeunes une éducation de qualité, visant l’acquisition non seulement d’un savoir mais également de compétences permettant d’articuler les savoirs, de raisonner (esprit critique), de s’orienter face aux défis des développements technologiques et renforcer pour tous les lieux de formation et de partage des connaissances et de l’innovation. Faire de la compréhension de la démarche scientifique une référence. Rapprocher les différents secteurs institutionnels s’intéressant à la diffusion de la science (associations, centres de culture scientifique et technique, éducation, entreprises, etc.)
11H
Pause
11H30-13H
II - L’éducation aux sciences et la démarche scientifique (partager la science dans le système éducatif)
Yves QUERE
Physicien, membre de l’Académie des sciences, cofondateur de « La main à la pâte »
1. L’aventure de La main à la pâte
La fondation de coopération scientifique La main à la pâte contribue depuis une vingtaine d’années à rénover l’enseignement de la science et de la technologie en diffusant un modèle d’éducation basée sur la pédagogie d’investigation. En associant les scientifiques et les industriels au développement de l’enseignement des sciences, elle vise également à renforcer l’engagement des scientifiques et à développer la responsabilité citoyenne des chercheurs en tant que passeurs d’une science envisagée comme processus de création et non comme accumulation de connaissances ou enjeu de pouvoir.
2- La pédagogie d’investigation
Afin d’enrayer le déclin d’intérêt des jeunes pour la science et de développer, chez les futurs citoyens, la culture scientifique nécessaire pour agir de manière responsable dans un monde de plus en plus marqué par la science et la technologie, la pédagogie d’investigation vise à transmettre non seulement des savoirs mais surtout la capacité à les articuler et à les hiérarchiser, c'est-à-dire à raisonner. Elle inclut diverses composantes telles que l’acquisition de connaissances (hors cadres disciplinaires), l’acquisition de compétences (créativité, esprit critique, formulation), la pratique expérimentale et la prise en considération du contexte émotionnel de l’apprentissage.
14H15-15H30
III - La vulgarisation scientifique (partager la science avec le grand public)
Nicolas GRANER
Ingénieur de recherche, directeur du CVC, Université Paris Sud
Le centre de vulgarisation de la connaissance a pour vocation de mettre le savoir à la portée d’un large public dans tous les domaines de la connaissance et plus particulièrement en science. Il réalise des œuvres originales (livres, expositions, campagnes d’affichage, dossiers thématiques multimédias), conçoit des supports de communication institutionnelle, mène des actions de sensibilisation envers le grand public et le public scolaire (conférences, visites de laboratoires, manifestations, ateliers scientifiques) et organise des stages de formation à la vulgarisation scientifique.
À partir de son expérience seront dégagés les principes et objectifs de la vulgarisation scientifique ainsi que quelques conseils pratiques pour les personnes amenées à présenter des informations scientifiques à un large public.
15H30-18H
IV - Aspects linguistiques de la vulgarisation scientifique : «La vulgarisation, une affaire de mots »
Valérie DELAVIGNE
Maître de conférences en sciences du langage, Université Paris 3 Sorbonne
Nos mots structurent non seulement la réalité, mais aussi la perception que nous en avons. En participant aux représentations que nous construisons, ils influencent notre façon de penser, de catégoriser, d’apprécier. Lorsqu’un champ scientifique ou technique se développe, le choix de sa terminologie influe sur la manière dont ce champ va être saisi. Ce choix lexical a encore plus de portée lorsque le champ en question est au cœur d’enjeux de société, ce qui est le cas notamment des pratiques médicales.
En s’appuyant sur des exemples issus de ce domaine, cette intervention explorera les modalités pratiques de la vulgarisation scientifique et technique en envisageant spécifiquement ses aspects linguistiques. À la croisée entre conférence et atelier pratique, elle examinera notamment la question de l’accueil de l’autre (écrire, mais pour qui ?), les outils théoriques et méthodologiques mis en œuvre pour faire sens (écrire, mais comment ?) et la question de la lisibilité (réception et appropriation des connaissances).