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"Par une étrange ironie de l’histoire, le 19 mars 2008, jour de la mort de Chantal Sébire par ingestion massive de barbituriques, l’écrivain Hugo Claus était euthanasié à l’hôpital Anversois Middelheim. Une amie, qui était à ses cotés, raconte qu’il est parti tranquille, un verre de champagne à la main."
Par: Louis Puybasset, Professeur de médecine, Neuro-réanimation Chirurgicale Babinski, Département d'Anesthésie-Réanimation, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP-HP, université Pierre et Marie Curie, Paris 6 /
Publié le : 23 Mai 2008
Un membre de la Commission officielle belge de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie, qui a requis l'anonymat, déclare qu’il est « probable qu’Hugo Claus, encore au stade précoce de la maladie d'Alzheimer, ait choisi, alors qu'il avait encore son discernement, ce que l'on appelle une euthanasie active ».
Cet évènement a été présenté par les médias comme tout à fait banal, dans la droite ligne du film de Denys Arcand « Les invasions barbares », la mise en scène récente la plus habile de la relativisation de l’acte euthanasique. Pourtant, il ne s’agit plus là d’une fiction mais d’une réalité bien concrète. Cette histoire, apparemment moins spectaculaire que celle de Chantal Sébire, est plus riche d’enseignements et de questionnements.
Enseignements d’abord. Ce qui se passe en Belgique montre que la théorie de la « pente glissante » (la fameuse « slippery slope » des anglo-saxons) s’applique à la légalisation de l’euthanasie.
Questionnements ensuite :
Que ceux qui veulent faire basculer la France, pays leader en Europe et dans le monde sur la question des droits de l’homme, vers une légalisation de l’euthanasie pour mieux y faire tomber les autres grands pays Européens, apportent des réponses à ces questions au lieu de faire tourner jusqu’à plus soif la machine médiatique à pathos.
Pour nous soignants, il s’agit de lutter contre ces dérives et, ce faisant, de poser là un acte authentique de résistance.