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Une manifestation de notre engagement professionnel envers les personnes aidées
La frontière entre deux niveaux d'engagement est perméable, ils s’entremêlent et aident le soignant à mieux répondre à la question du sens qui anime sa pratique.
Par: Manon Pagano, Gestionnaire de cas, MAIA /
Publié le : 09 Mars 2016
Texte proposé dans le cadre de l'Initiative Valeurs de la République, du soin et de l'accompagnement.
Les missions et actions quotidiennes qui définissent nos fonctions professionnelles propres sont un engagement naturel et légal vis à vis de la fonction pour laquelle nous sommes employés et rémunérés. Ces missions révèlent alors un souci du bien faire, de professionnalisme, parfois de bon sens et viennent valider notre légitimité à être sollicité pour faire notre travail auprès des personnes fragiles. Cet engagement intrinsèque à la profession dégage un premier niveau d'engagement, si tant est qu'il soit possible de le niveler.
Au-delà de ces faits, pourrait se dessiner un second niveau, un engagement qui coûte, interroge, donne plus de sens à nos pratiques, peut nous mettre mal à l'aise, nous épuiser et, parfois, nous dépasser.
La notion d'engagement, est interrogée dans les situations qui peuvent nous déstabiliser, où nos valeurs, notre savoir-faire, les actions qui nous semblent si routinières, naturelles et parfois automatisées ne suffissent plus.
La question de l'engagement du professionnel se poserait alors dans les situations où il lui est demandé un redoublement d'effort de présence et d'adaptation (sur-sollicitation, isolement, ambivalence, risque d'ingérence), dans les situations où la personne aidée ne veut pas le voir s'engager (contexte de refus d'aide et de soins, de mise en danger), ou face aux situations dans lesquelles justement, en tant que professionnel, on se passerait bien de s'engager (questionnement sur les valeurs, sur une complexité qui nous dépasse, conflits).
Que laissons-nous alors en « gage » dans ces situations précises ?
On laisse peut-être en gage un peu de notre cadre d'intervention, si rassurant, pour permettre à la personne de nous laisser entrer dans le sien et d'obtenir un accès au mieux-être. On met aussi parfois de côté nos propres priorités, lorsqu'elles divergent de celles de la personne, pour l'aider à faire aboutir les siennes, jusqu'à sortir de nos fonctions pour y revenir avec davantage de sens. On peut prendre l’exemple d’un soignant qui vient pour une toilette et qui rencontre une personne paniquée car sa TNT est déréglée. Aussi, c'est aller au bout de certaines actions, généralement déléguées à d'autres, aboutissant au décloisonnement des sphères sanitaires et sociales ou ville/hôpital. Enfin, c'est savoir renoncer à certaines de nos connaissances pour mieux se faire comprendre.
Dans ce sens, l'engagement c'est peut-être savoir être créatif et adaptable, se désengager quelques fois de nos pratiques usuelles, dans le but de laisser percevoir à la personne, quand elle en a besoin, le sens de notre accompagnement. Un accompagnement individualisé, capable de réajustement, qui interroge la personne dans sa globalité.