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Rentrée universitaire 2015/16 : l’Espace éthique propose un programme d’enseignement totalement renouvelé

Ouvertes à l'inscription pendant quelques semaines encore, les formations universitaire de l'Espace éthique/IDF ont été repensées en profondeur.

Par: Emmanuel Hirsch, Ancien directeur de l’Espace éthique de la région Île-de-France (1995-2022), Membre de l'Académie nationale de médecine /

Publié le : 06 Juillet 2015

Se former à l’éthique et mieux comprendre ce que soigner l’autre signifie

En cette rentrée universitaire 2015/16, l’Espace éthique/IDF a souhaité renouveler en profondeur son offre universitaire afin d’encore mieux répondre à une « demande en éthique » chaque année plus forte. Nous sommes heureux de vous présenter nos 24 nouvelles unités d’enseignements ainsi que nos trois parcours du master M2 : « Éthique et soin », « Pratiques psychologiques et éthique en cancérologie » (en partenariat avec l’Institut Gustave Roussy), « Éthique et recherche ».
Depuis des années, nos formations (diplômes universitaires et master) rencontrent un succès d’autant plus naturel qu’elles répondent à l’attente concrète de professionnels du champs sanitaire ou médico-social, mais également d’ étudiants dans différentes disciplines des sciences humaines et sociales ainsi que de responsables associatifs. Il nous est toutefois apparu nécessaire de tenir davantage compte des évolutions qui transforment les pratiques : de l’accueil au suivi de la personne malade dans son parcours de soin, en intégrant tant d’autres déterminants comme l’effectivité des principes de la « démocratie sanitaires », les évolutions législatives dans les droits de la personne, les maladies chroniques et les maladies neurologiques évolutives à impact cognitif, les vulnérabilités humaines et sociales dans la maladie, les approches innovantes médicales et scientifiques, l’environnement de la personne au cours de la maladie et les proches, les modalités d’intervention en institution ou au domicile, les approches socio-économiques de la santé, le management, etc.
C’est dire la pertinence et l’actualité de nos formations adaptées à l’attente de chacun et proposées de manière à pouvoir les concilier avec une activité professionnelle. De la lutte contre la douleur aux neurosciences, du care à la communication, des fondements de l’éthique aux droits de l’homme, de la morale à l’anthropologie de la maladie, des soins palliatifs à la relation de soin en passant par l’histoire de la philosophie, ce « parcours en éthique « est vécu comme une aventure intellectuelle, une succession de rencontres et de découvertes qui captivent et permettent de mieux comprendre le monde présent et les missions du soin.
 Le rayonnement de nos diplômes à eu depuis toujours une portée nationale et à travers les réseaux que nous avons constitué nous constatons avec bonheur que nos anciens étudiants contribuent en première ligne à l’appropriation d’une démarche éthique dans les établissements. C’est pourquoi avec nos équipes d’enseignants motivés, nous consacrons tous nos efforts à mettre à la disposition de ceux qui souhaitent consacrer un temps à l’éthique dans un parcours professionnel qui justifie plus que jamais de mieux saisir le sens de l’action, un dispositif de qualité, passionnant et cohérent
. Cela explique probablement l’engouement de nos étudiants qui, au-delà du plaisir de retrouver un enracinement, de l’ouverture et du plaisir, considèrent bien souvent ce moment d’éthique comme une manière de renouer avec les valeurs du soin. Vous êtes les bienvenus à l’Espace éthique et jusqu’en septembre vous pouvez vous inscrire à nos formations universitaires !

Mieux saisir le sens d’un investissement personnel

Il est évident que l’attention éthique ne saurait se satisfaire aujourd’hui de considérations générales ou de résolutions académiques. Il lui faut relever d’une exigence d’engagement et donc de compréhension de réalités complexes et évolutives.
L’éthique du soin – cette attention portée à la personne fragile et démunie lorsque la maladie, le handicap ou les altérations du grand âge affectent sa faculté d’autonomie – relève d’une conception de la juste présence, à la fois préoccupée de justice et de justesse dans l’implication au service de l’autre. Il convient de reconnaître la personne dans ce qui demeure de son histoire et de ses capacités d’initiatives, plutôt que de l’enfermer dans ce que serait la « condition de malade ». La relation de soin doit se concevoir autrement que dans ses seules procédures, comme un cheminement auprès de la personne, soucieux de ses préférences, de ses choix, de ses droits, donc de nos libertés. S’en remettre à l’autre, lui faire confiance, dans les moments douloureux et incertains de la maladie n’est concevable que si l’on peut être assuré d’être respecté pour ce que l’on est, dans sa dignité et ses attachements. Être le dépositaire de la confiance d’une personne qui attend, plus qu’une guérison, une authentique sollicitude ainsi qu’une bienveillante attention nous expose et nous engage. Plus une personne est vulnérable, plus nos obligations sont fortes à son égard et davantage nous sommes comptables de la responsabilité qu’elle partage avec nous nous. Au-delà des mots qu’il est si difficile à trouver lorsque la souffrance accable et la désespérance abrase l’espérance, les engagements humains dans le soin apparaissent, en dépit des circonstances, comme l’expression d’une fidélité, une forme d’inconditionnel là où l’on sait que l’essentiel est menacé. Accorder considération à des engagements de vie, à ces combats en dignité et en liberté que la personne s’efforce de soutenir au quotidien face à la maladie, c’est témoigner, convenons-en, d’une exigence d’humanité qui parfois, assume une posture de résistance.
Ne faut-il pas faire confiance à l’autre pour exposer notre propre vulnérabilité à son regard, être assuré que notre détresse ne le laissera pas indifférent ? Le champ des pratiques du soin les plus exposées et les plus éprouvantes constitue certainement le lieu privilégier où enraciner une réflexion éthique et politique. De manière récurrente et parfois excessive, l’actualité en atteste. Nos engagements concernent certaines circonstances méconnues des combats démocratiques, là où la pensée philosophique peut éprouver sa pertinence et sa sagesse en affirmant ce que soigner l’autre signifie.
On comprend mieux dès lors le sens et la portée d’un investissement personnel dans le cadre d’une formation à l’éthique. Il s’agit certainement de mieux comprendre ensemble, dans l’échange, l’approfondissement et l’acquisition de compétences indispensables, de quelle manière mieux assumer nos responsabilités au service de la personne vulnérable et du bien commun.