Coordination scientifique : Léo Coutellec, Fabrice Gzil, Emmanuel Hirsch, Vincent Israël-Jost, Amélie Petit, Paul-Loup Weil-Dubuc
L'actualité scientifique de la maladie d'Alzheimer est paradoxale. Les débats autour de la mise sur le marché de l'Aducanumab (Aduhelm®) en sont une illustration. D'un côté, la mise au point d'un candidat traitement à visée curative a suscité l'espoir des chercheurs et les associations de personnes malades, et d'aucuns estiment que cette découverte confirme la pertinence de l'hypothèse amyloïde. D'un autre côté, l’autorisation de la FDA a suscité de nombreuses critiques, tant sur l'efficacité que sur l'innocuité et le coût de ce candidat médicament.
Au-delà des discussions propres à l'Aducanumab, ce sont aussi d'autres problèmes qui sont soulevés : ils sont de nature à redessiner les concepts et les approches de la maladie d’Alzheimer. Comment concevoir une maladie dont les lésions ne sont pas toujours corrélées avec une perte cognitive ? Comment aussi concilier l'impératif de traiter la maladie le plus tôt possible, avec l'idée qu'à un stade précoce il n'y a pas de réalité de la maladie au sens où nous l'entendons habituellement ? Comment parler de ces personnes qui n'expriment aucune plainte mais chez lesquelles sont identifiées les lésions caractéristiques de la maladie d'Alzheimer, ou une prédisposition génétique ? S'agit-il de personnes « à risques », de « patients en devenir » ou à considérer déjà comme tels et donc justifiant un suivi médical ? Enfin, la réponse médicamenteuse visant à traiter les lésions doit-elle demeurer la réponse immédiate la plus recevable d’une stratégie de recherche, dès lors que d'autres interventions, à visée préventive ou de compensation, pourraient paraître justifiées, voire plus pertinentes et efficaces ? En quoi devraient consister les protocoles de soin dans ce contexte ?
Ce séminaire sera l'occasion d'évoquer les enjeux majeurs, parfois les plus délicats, de la recherche actuelle développée sur la maladie d'Alzheimer et de dégager des lignes d’actions adaptées à la complexité des circonstances dans une approche transdisciplinaire.
Ethics and epistemology of Alzheimer disease
Are we witnessing a reconfiguration of the "Alzheimer object"?
International research seminar
The scientific news regarding Alzheimer's disease (AD) is paradoxical, as demonstrated by the heated debates surrounding the marketing authorization of aducanumab (Aduhelm®). On the one hand, having a product candidate in the treatment of AD has generated much hope for both researchers and associations, and some feel that this discovery confirms the validity of the amyloid hypothesis. On the other hand, FDA's decision has created much criticism regarding the efficacy as well as the innocuity and the cost of the drug.
Beyond these discussions on aducanumab, other problems are raised regarding important aspects of AD. How can we conceive of a disease in which the lesions are not always correlated with any cognitive loss? How can we accommodate the necessity to treat the disease as soon as possible, with the idea that, in the early stages, there isn't really a "disease" in the usual sense of the term. How can we describe people who feel perfectly normal, but in which the characteristic lesions of AD or genetic predispositions have been found? Are those "at-risk", "patients-in-waiting" or simply "patients"? Finally, should the drug approach, which targets lesions, remain the standard-bearer of Alzheimer research, even when other types of preventive or compensatory interventions could be more promising? How should we think about care in this context? This seminar will tackle the most prominent problems of Alzheimer research as they appear at the moment.