Après une première série de rencontres en ligne organisée en 2020-2021, nous poursuivons l'exploration de ces thématiques en posant cette question : de quelles sciences avons-nous besoin ? Car nous avons certainement désappris depuis mars 2020 l'évidence d'une science monolithique que l'on pouvait imaginer rodée et capable d'avancer en diffusant régulièrement ses résultats à la société. Au contraire, tout semble aujourd'hui mettre les acteurs du monde scientifique en tension. Il convient donc de réinterroger en profondeur la notion même de science, ses représentations, ses méthodes et ses pratiques.
Début 2022, pour approfondir cette réflexion au plan international nous organiserons, en partenariat avec l’Institut Pasteur, le 1er colloque « Éthique et gouvernance internationale de la recherche. Les enseignements de la pandémie de Covid-19 ».
En situation de pandémie, de quelle science avons-nous besoin ?
Soirée d’ouvertureLundi 11 octobre 2021, La Bellevilloise (Paris), 18h-20h
Rencontre avec Didier Pittet
Médecin chef du service de prévention et contrôle de l’infection et directeur du Centre Collaborateur pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la sécurité des soins, Hôpitaux Universitaires et Faculté de Médecine de Genève, président de la Mission indépendante nationale sur l’évaluation de la gestion de la crise Covid‑19 et sur l’anticipation des risques pandémiques
Discutants
Lila Bouadma
Professeure de réanimation médicale, Service de médecine intensive et réanimation infectieuse, Hôpital Bichat - Claude-Bernard, AP-HP, membre du Conseil scientifique Covid-19
Professeur de santé publique, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille, directeur du laboratoire d’excellence Distalz
Léo Coutellec
Maître de Conférences en éthique etépistémologie, CESP/Inserm/Paris-Saclay
Présentation
Emmanuel Hirsch
Professeur d’éthique médicale, président de POLÉTHIS, Université Paris-Saclay
La soirée en vidéo
Une science plurielle ? Pluralité scientifique
Lundi 15 novembre 2021, 18h-20hLes tensions que la crise a rendu manifestes renvoient généralement à une pluralité. Pluralité d'avis, de méthodes, de ce qu'est la bonne science ou encore pluralité dans l'évaluation de ce que devraient être nos priorités. Ne faut-il pas dès lors cesser de se référer à la science – ou à la communauté scientifique – et admettre qu'il y a dans ces pluralités une matière qu'il convient d'articuler plutôt que de nier ? Au-delà du constat de ces pluralités, ne faut-il pas œuvrer à construire une philosophie politique du pluralisme scientifique ?
Avec la participation de
Marie Gaille
Philosophe, Directrice de recherches au CNRS, Directrice de l'Institut des sciences humaines et sociales au CNRS
Daniel Benamouzig
Sociologue, Directeur de recherche au CNRS, Titulaire de la Chaire Santé de Sciences Po etChercheur au Centre de Sociologie des Organisations (CNRS et Sciences Po), Membre duConseil scientifique Covid-19
Léo Coutellec
Philosophe, Maître de conférence à l'Université de Paris-Saclay
Soirée annulée
Expertise, concertation et décision
Lundi 13 décembre 2021, 18h-20Parmi les tensions qui ont compliqué l'avancée dans cette crise figure la concurrence parfois illisible entre les discours de différents experts. Dès lors, le bénéfice de l'expertise, qui est de synthétiser l'état d'un débat scientifique pour y voir plus clair, a été souvent perdu lors de la confrontation entre experts. Comment dès lors penser l'expertise dans une perspective qui apporterait efficacité et lisibilité ? Comment faire remonter les savoirs précieux de ceux qui n'ont pas la prétention de se faire appeler « experts » ?
Intervenants :
La soirée en vidéo
Redéfinir les sciences
Lundi 10 janvier 2022, 18h-20Au cours de la crise, nos représentations de la science ont perdu en cohérence et en lisibilité. On a évoqué une image ternie de la science, jugée incapable de répondre aux défis de cette pandémie. Un an après, faut-il effectivement réajuster nos représentations de ce que sont et de ce dont sont capables les sciences ? Ou alors faut-il au contraire juger que les succès rencontrés depuis ne justifient pas retour d’expérience ? En arrière-plan de ces questions, c'est la capacité et la légitimité d'autorégulation de la science qui est jeu.
La soirée en vidéo
Communiquer sur les sciences
Lundi 7 février 2022, 18h-20La communication autour des sciences a joué un rôle crucial dans le suivi de cette crise, notamment à travers les informations et recommandations données aux citoyens. Mais sur ce plan, le public a été confronté à des grandes difficultés, mis devant diverses contradictions et parfois contraint de juger dans l'arbitraire à qui accorder sa confiance. Comment peut-on dès lors envisager une meilleure régulation de la communication et une meilleure imperméabilité aux discours complotistes, sans réduire ou appauvrir la diversité nécessaire des sources ?
Penser l'incertitude
Lundi 7 mars 2022, 18h-20Confrontées en début de crise à de nombreuses incertitudes, sur le virus, sur les traitements, public et décideurs ont été contraints d'apprendre à raisonner et à décider dans le flou. Mais il convient aussi de poser des distinctions entre l'incertitude ‘’saine’’, posée par une investigation en cours ou légitimement constatée eu égard à la complexité d'une situation, et celle qui est artificiellement entretenue par intérêt ou manque d'intégrité de certains acteurs. Le cours du temps permet-il de résoudre les unes aussi facilement que les autres ?
Avec la participation de :
Antoine Flahault, Épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'Université de Genève
Laurent Chambaud, Médecin de santé publique, directeur de l’École des hautes études en santé publique (EHESP)
Gilles Pialoux, Professeur à l'Université Paris-Sorbonne, chef de service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Tenon AP-HP, vice-président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS)
La soirée en vidéo
Publication, open science
Lundi 4 avril 2022, 18h-20L'une des grandes nouveautés pour la recherche scientifique porte sur la manière et la vitesse dont les résultats scientifiques ont été diffusés, à la fois dans les revues scientifiques et ce au prix d'un risque pris quant à la qualité des évaluations, mais aussi sur des archives ouvertes en prépublication. Ce modèle invalide-t-il au moins en partie celui des revues traditionnelles ? Les deux voies doivent-elles être pensées de manière complémentaire ? Comment la hiérarchisation des contenus scientifiques peut-elle désormais être envisagée ?
Les paradoxes de l'anticipation
Lundi 9 mai 2022, 18h-20Dès le début de la crise ont été pointées des négligences quant aux efforts scientifiques qui auraient permis de mieux anticiper, voire de prévenir, la pandémie (étude des coronavirus, de leur transmission inter-espèces, etc.). Pourtant, dès que l'on s'engage dans l'anticipation et la prévention et que l'on y investit les moyens nécessaires, on s'expose aux critiques qui pourront pointer l'inefficacité des mesures en cas de survenue de la catastrophe, et leur inutilité en cas de non-survenue d'un événement jugé impossible. Comment mieux préparer nos sociétés à investir dans l'anticipation ?
Membre du Laboratoire d'Anthropologie Critique Interdisciplinaire (LACI) / Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
Les régulations éthiques de la recherche. De nouvelles structures à inventer ?
Lundi 13 juin 2022, 18h-20S’il importe, comme on l’a fait au cours de ce séminaire, de mieux comprendre « de quelle science avons-nous besoin » en situation de crise sanitaire, encore est-il nécessaire de créer les conditions favorables à l’exercice d’une science responsable, soucieuse en toutes circonstances des valeurs dont les chercheurs et les institutions doivent être les garants. Les instances d’éthique de la recherche ont-elles à proposer des repères repensés à la suite de ces temps d’incertitudes et parfois d’équivoques ? Comment parvenir, dans le cadre d’une concertation, à restaurer un rapport de confiance constructif entre science et société ?